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Le coin psychopatho - qu'est-ce-que l'aménagement état-limite/ borderline ? Emma Daddi, thérapeute, St Raphaël

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Qu’est-ce que l’aménagement état-limite ou borderline ? Comment se structure t’il ? 


" Jean Bergeret, psychiatre psychanalyste, est l'un des principaux auteurs à avoir développé et théorisé au plan psychopathologique la question des états limites. Appréhendé comme une « astructuration », ou comme une « troisième lignée psycho- pathologique », l’état limite est considéré comme un « aménagement défensif » ayant comme but premier de tenter d’éviter la dépression. 

Cet aménagement souple peut évoluer : il est susceptible de s’organiser autrement pour s’adapter aux situations que traverse le sujet. Dans certains cas se rapprochant de la névrose (plutôt phobique), il peut, dans d’autres, friser la psychose (surtout mélancolique-maniacodépressive), ou la perversion."

Selon Bergeret l'état limite n'est pas une structure, ce n'est donc ni une névrose ni une psychose. Entre les deux il y a du vide, et c’est dans ce vide que se trouve cet aménagement.

Les personnes états limites ne sont donc ni névrosés, ni psychotiques. Ils sont entre les deux.

"Un des apports originaux de Bergeret tient à sa conception d’un mécanisme de défense typique dans ces organisations, le dédoublement des imagos. Pour se défendre contre le risque de fragmentation, le Moi se déforme de sorte qu’une partie reste adaptée à la réalité tandis qu’une autre fonctionne sur un mode anaclitique."


Carl Gustav Jung introduit la notion d'imago. L’imago représente le prototype de personnages qui vont influencer de façon inconsciente le rapport d'un individu à autrui, il serait fondé sur ses premières relations interpersonnelles. Les imago sont les représentations psychiques (souvent inconscientes) des proches (père, mère, frère, sœur, grands-parents, éducateurs, oncles, etc.). L'imago se construit à partir des expériences vécues par l'enfant avec ses proches. Expériences qui se mélangent dans son esprit avec des représentations culturelles (mythologie, religions, contes, etc.) du père, de la mère, etc.


Comment se structure l’aménagement état-limite ? 


"Kernberg et Bergeret ont fait apparaître un type de personnalité particulier : C'est une pseudo structure qui se voit chez des gens hyper adaptés socialement, avec besoin constant d'être admirés, et adoption d'un comportement mimétique reflétant la personnalité d'un supérieur hiérarchique. Ils vivent comme s'ils avaient une maturité suffisante, en contrôlant bien leurs émotions.

La difficulté apparaît quand la relation affective devient étroite, quand ils ne peuvent plus se cacher derrière un personnage. Leurs relations inter personnelles, instables, traduisent un comportement anaclitique vis à vis de l'Objet (besoin de l’autre, s’appuie sur l’autre de manière pathologique). Ce dernier est à la fois un Objet dont ils dépendent et sur lequel ils s'appuient. Il y a une attente de satisfaction passive et une manipulation agressive de l'autre.

La dépression (ou la perte de l'Objet) est leur danger majeur. C'est une dépression de type abandonnique. Il n'y a pas chez eux de culpabilité, d'auto accusation ni de remords. 

Leur vécu narcissique risque d'être perturbé et l'angoisse se traduit en grande crise clastique, en tentative de suicide... Ils deviennent impulsifs pour obtenir la gratification instinctuelle, immédiate, du registre du processus primaire : l’attention totale de l’Autre. 

Dans ce besoin de ne pas vivre la frustration, on voit apparaître des symptômes tels que la boulimie, on observe des tendances sexuelles perverses (il ne s'agit pas vraiment de perversion sexuelle, et ce ne sont pas non-plus de réels pervers, car leur choix d'Objet est chaotique, alors que pour le pervers le choix d'Objet est codifié).


Les traumatismes et les stress vécus dans la petite enfance peuvent contribuer au développement d'un trouble de la personnalité limite (borderline). Une anamnèse de sévices physiques et sexuels, de négligence, de séparation des parents, et/ou de perte d'un parent au cours de l'enfance est fréquente chez les patients souffrant d'un trouble de la personnalité limite.


L'aménagement état limite est un effort que le psychisme fait en permanence pour se maintenir en dehors de la névrose et en dehors de la psychose.

L'état limite est avant tout une maladie du narcissisme. Le malade a dépassé le risque de morcellement mais n'a pas accédé à la relation génitalisée. La relation qu'il met en place avec les autres n'est pas duelle: elle est faite de dépendance et d'étayage. Son champ relationnel n'est ni névrotique ni psychotique.

C'est un aménagement toujours instable et on verra apparaître une évolution au cours de l'existence, soit de manière brusque (évolution aiguë), soit de manière plus silencieuse (évolution stable)."


Symptomatologie :


Abandon : "les patients présentant un trouble de la personnalité limite (borderline) ne supportent pas la solitude, ils font des efforts désespérés pour éviter l'abandon et génèrent des crises : ils font entre autres des tentatives de suicide pour qu'on vienne à leur secours et que l'on prenne soin d'eux.

Lorsque les patients état-limites sentent qu'ils sont abandonnés ou négligés, ils ressentent une peur ou une colère intense. Ces patients ont tendance à changer brusquement et de façon spectaculaire leur point de vue sur les autres. Ils peuvent idéaliser un soignant ou un amant potentiels au début de la relation, exiger de passer beaucoup de temps ensemble et de tout partager. Ils peuvent brutalement penser que la personne ne se soucie pas assez d'eux et être déçus; ils peuvent alors rabaisser la personne ou être en colère contre elle. On observe un passage de l'idéalisation à la dévaluation, d'un extrême à un autre.


Agressivité : Les patients présentant ce trouble ont des difficultés à contrôler leur colère et éprouvent souvent une colère inappropriée et intense. Ils peuvent exprimer leur colère de façon sarcastique et mordante, avec amertume ou en utilisant des diatribes virulentes, leur colère est souvent dirigée vers leur soignant ou leur conjoint qu'ils accusent de négligence ou d'abandon. Après s'être emportés, ils se sentent souvent honteux et coupables, ce qui renforce leur sentiment d'être mauvais.


Changement d'humeur : les patients présentant un trouble de la personnalité limite (borderline) peuvent aussi changer brusquement et radicalement l'image qu'ils ont d'eux-mêmes, p. ex., en changeant brusquement leurs objectifs, leurs valeurs, leurs opinions, leur carrière ou leurs amis. Ils peuvent être en demande à un moment et se mettre en colère la minute suivante car ils se sentent maltraités. Bien qu'ils se voient généralement comme mauvais, ils ont parfois l'impression qu'ils n'existent pas du tout, p. ex., quand ils n'ont pas quelqu'un qui se soucie d'eux. Ils se sentent souvent vides à l'intérieur.

Les changements d'humeur (dysphorie intense, irritabilité, anxiété) ne durent généralement que quelques heures et rarement plus de quelques jours; ils peuvent refléter une extrême sensibilité aux stress interpersonnels. Ils sont souvent déclenchés par un évènement, une situation, un échange avec une personne.


Auto-sabotage et dévalorisation : les patients présentant un trouble de la personnalité limite (borderline) se sabotent souvent quand ils sont sur le point d'atteindre un but. Par exemple, ils peuvent abandonner l'école juste avant l'obtention du diplôme, ou ruiner une relation prometteuse. Ils ont une très mauvaise estime d'eux-même. On retrouve souvent de l'auto-dévalorisation de soi, peu de confiance en soi, un fond mélancolique etc.


Conduites limites : elle mène à l'automutilation fréquente. Ces patients peuvent s'adonner au jeu, se livrer à des rapports sexuels non protégés, présenter une frénésie alimentaire, conduire imprudemment, abuser de substances ou dépenser sans compter. Les comportements suicidaires, les gestes et les menaces et l'auto-mutilation (p. ex., se couper, se brûler) sont très fréquents. Même si bon nombre de ces actes autodestructeurs ne sont pas destinés à mettre fin à leur vie, le risque de suicide chez ces patients est 40 fois supérieur à celui de la population générale. Ces actes autodestructeurs sont généralement déclenchés par le rejet, par le possible abandon ou la déception causés par un soignant ou un amant. Les patients peuvent s'automutiler pour compenser leur mal-être pour réaffirmer leur capacité à ressentir pendant un épisode dissociatif ou pour mitiger des émotions douloureuses.


Dissociation : les épisodes dissociatifs, les pensées paranoïaques, et parfois des symptômes psychotiques comme (p. ex., hallucinations, idées de référence) peuvent être déclenchées par un stress extrême, habituellement peur de l'abandon, qu'elle soit réelle ou imaginaire. Ces symptômes sont temporaires et ne sont généralement pas suffisamment graves pour être considérés comme un trouble distinct."


État-limite et bipolarité : 


Il n'est pas toujours facile de différencier l'aménagement état-limite et la trouble bipolaire.

Zoom sur la bipolarité : le trouble bipolaire est également caractérisé par d'importantes fluctuations de l'humeur et du comportement. Cependant, dans le trouble de la personnalité limite (borderline), l'humeur et le comportement changent rapidement en réponse à des facteurs de stress, en particulier de stress interpersonnel, alors que dans le trouble bipolaire les sautes d'humeur sont plus durables et moins réactives et les sujets présentent souvent des changements significatifs dans l'énergie et l'activité.



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Aménagement état-limite

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